Je commence par ceci : C’EST UN ROMAN REMARQUABLE. Le
narrateur donne la voix aux visiteurs de ces personnes âgées qui ont décidé de
vivre librement. Trois vieux, de plus de 85 ans, qui ont fait le choix de se
donner un dernier chapître de leur vie sans barrière. Leur identité n’est plus
très importante. Trois hommes qui vivent en forêt dans leur cabane respective,
avec pour colocataire, un animal de compagnie. Ils vivent au gré de la nature
dans laquelle nous sommes complètement imprégnées. Que le nécessaire, sans
plus. Même si la rudesse de l’hiver, habituellement rebutante pour moi en tout
cas si j’étais prise en forêt, pour eux, ça va de soi et ça en vaut le coût.
Puis il y a la petite boîte en fer blanc sur l’étagère qui donne accès à la
porte du ciel si un des leurs décidait qu’il en avait assez, en donnant l’exemple
d’incapacités physiques à vivre dans le paradis terrestre.
« Il pleuvait des oiseaux » quand les grands feux
ont fait rage en Ontario au début du 20e siècle. Boychuck était alors
enfant et il a marché pendant des jours dans le marasme de ce désastre qui lui
a fait pourtant rencontrer les jumelles Polson, beautés qu’ils l’habiteront
pendant toute sa vie. Dans sa cabane, Boychuck peint l’incendie, peint les
amours de sa vie.
La photographe, dont je ne suis pas certaine qu’on ait
prononcé son nom dans le roman, part à la recherche de ce Boychuck voulant
faire le reportage de cet enfant qui a marché à travers l’incendie et a croisé
une kyrielle d’individus qui en ont forgé leur histoire personnelle. Elle fera
la rencontre en forêt de la communauté du lac : Charlie et Tom. Boychuck vient
de mourir. Elle s’imprègne de ces vies, faute d’en avoir une.
Puis Bruno, ami de la communauté et de Steeve tenancier du
bar du village, dont la forêt est aussi son coin de jardinage en guise de
gagne-pain, y amènera Marie-Desneige, sa tante qu’on vient de découvrir, sœur de
son père décédé. Internée toute sa vie sous des motifs qui datent d’un autre
siècle, elle aussi aura sa seconde vie dans la forêt. Charlie débutera un
nouveau chapître de sa vie en forêt avec Marie-Desneige.
Un portrait de la vieillesse tout en douceur. Où la vie revêt
un caractère si loin de nos impératifs. Ça nous donne presque le goût d’aller s’isoler
loin, loin et goûter à cette liberté.
Une écriture remarquable. Bravo Jocelyne Saucier, vous m’avez
fait passer un moment ressourçant.
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