samedi 2 novembre 2013

Pas - Chroniques et récits d'un coureur (Yves Boisvert)

Quand tu es coureur toi-même, t’aime te faire raconter des états d’esprit, des réflexions, des anecdotes qui sont tiennes ou qui te sont également sensiblement tombées dessus d’une façon ou d’une autre. T’aime parce que parfois tu les vis, mais tu n’y mets pas les mots. En tout cas pas ceux de Yves Boisvert, excellent chroniqueur à la Presse et à Bazzo à la radio. T’aime parce qu’on te raconte ta propre histoire et ça fait du bien de savoir que toi aussi, tu as une histoire. Sous la plume de Yves Boisvert, c’est avec un regard sur l’asphalte qu’il foule, sur son corps de 50 ans en mutation « positive », sur sa passion réelle qu’il découvre, on côtoie avec franchise, parfois avec énormément d’humour (je me retenais de m’esclaffer assise dans le métro) son quotidien du travailleur-parent-coureur. Pour accompagner son frère qui se donne le défi d’un 10 km à la suite d’un infarctus, Yves Boisvert relate sa progression du non-coureur, au coureur « en devenir », au passionné de la course puis au marathonien qui ne vise rien de moins que Boston – l’Objectif ultime – pour ma part, je devrais arriver à me qualifier lorsque j’atteindrai le groupe d’âge des 70-79 ans! Il partage les premières courses avec le cœur qui veut sortir de sa cavité, la face rouge-betterave, le mur du 2, 3 ou 5 km, puis ensuite la lente progression; les courses de plus en plus longues, l’énervement de se sentir « juste capable », l’ivresse de la course sous la météo québécoise, dans des sites enchanteurs et, parfois dont l’enchantement n’arrive que par l’état d’esprit boosté à l’adrénaline (notamment dans les parcs industriels de Montréal). Le cœur arrive au stade qu’il ne s’emballe maintenant que pour se voir élever beaucoup plus haut et bien au-delà de la cage thoracique. Car on ne naît pas coureur, on le devient.

C’est toujours avec modestie et une petite gêne qu’un jour on se dit : « bon, je pense que ça y’est, je suis maintenant un coureur ». Et même à ce stade, on le murmure… Yves Boisvert fait ce cheminement du non-sportif, voire du sportif-poche, au statut de « coureur », mais toujours en se gardant une petite gêne! Car il y a toujours un meilleur coureur à côté de soi, pour M. Boivsert, il y a entre autres son fils, mais des coureurs plus connus, il a son réseau M. Boisvert quand même! Il s'en inspire et nous en fait connaître.

Même si ma foi, il court pas mal plus vite que moi, je me suis identifiée à Yves Boisvert le coureur, car la marque du coureur, contrairement au joggeur, c’est de se mesurer, le désir de se surpasser, l’œil qui passe en boucle de la rue, au ciel, à la Garmin au poignet, c’est le programme affiché sur le frigo, une inscription planifiée à une course. J’ai lu ses chroniques avec délice et un sourire affiché au visage. Complice. Pour tous les coureurs et les coureurs en devenir, une lecture entre deux courses!