C’est par la bouche de Paul, l’amoureux de Milo que l’histoire est
racontée, bien qu’on comprenne que c’est sous l’imagination de Milo que le
déroulement de sa vie, la nature de ses origines, seront mis sur papier alors
qu’il se meurt probablement du sida. Paul ne survivra pas au cycle familial. Découpée
en mouvements de la danse noire, sous les yeux de Milo, Neil et Awanita, en
alternance et à travers le temps, le roman nous transporte dans le temps et l’espace
au rythme de la danse.
Le filon, l’écriture. Neil avocat, témoin et acteur de la guerre civile
en Irlande déménage au Canada pour pouvoir écrire. Pris dans le tourbillon d’une
famille qui n’arrête pas de grossir, tel était ce que l’église catholique
encourageait au début du siècle, n’arrivera jamais à coucher les mots qui le
tourmentent sur papier. Il met alors ses espoirs sur son fils Declan, mais
délinquant ce dernier ne sera que la matrice de l’incarnation de Milo, son fils
qu’il n’élèvera pas. Milo saura prendre les mots pour décrire les tourments de
l’homme en Irlande, au Canada, à New-York et chez les Autochtones… puis
finalement en Amérique latine ou Eugenio, son fils adoptif, bouclera la lignée
familiale dans un dernier pas de danse noire rouge sang.
J’ai aimé cette lecture, même si le premier tiers du livre, j’étais
complètement perdue entre ces personnages, ces différents lieux, ces
différentes périodes. Une fois la mécanique comprise, j’ai embarqué avec toute
la curiosité que Nancy Huston a pu susciter en me plongeant dans l’histoire de
l’Irlande, puis la mienne avec son regard de canadienne anglaise. Passant de l’anglais
au français, on ressent les personnages, car ils sont ainsi plus crédibles. À
la dernière page, j’ai repris le premier tiers pour faire la boucle. 4 étoiles.
Nancy Huston reste une de mes auteurs que je préfère. Quelle intelligence…
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