dimanche 8 février 2015

L'attrape-coeurs - J.D. Salinger

Un attrape-cœurs, c’est ce que Holden Caulfield veut faire plus tard, pas chirurgien ou violoncelliste, car il ne pourrait pas. Sa main est demeurée avec des séquelles à la suite d’un défoulement nécessaire en fracassant les vitres du garage. Il veut éviter que les « mômes » jouant dans le champ de seigle tombent en bas de la falaise, soit dans le monde des adultes, la vie sans rêve. Il veut attraper ces petits cœurs. Le siens, il est déjà au fond de la falaise. On n’a pas su l’attraper. Il est tombé quand son frère Allie est mort de la leucémie trois ans plus tôt. Allie, c’était son frère rouquin, plus intelligent, plus drôle, qui écrivait des poèmes sur son gant de baseball pour pouvoir les lire quand il était en attente sur le jeu. Il était à peine plus jeune que lui. C’était son frère, son complice.

Le roman reconstitue les quelques jours précédant l’internement de Caufield âgé de 17 ans, pour une psychanalyse, les trois jours où il a erré dans New-York juste avant Noël après s’être fait mettre dehors de son école, Percey, collège réputé. Ses parents vont le « tuer » quand ils vont savoir, comme dit sa petite sœur Phoebe qu’il adore. Holden a erré dans la ville, en plein hiver, le froid, sa casquette avec oreilles, les signes d’un rhume… s’est arrêté dans des hôtels sordides, dans des bars pas très recommandables… Mais à l’école aussi, il errait. Holden qui porte la cravate, qui est poli en tout temps, qui a de l’écoute, une grande sensibilité pour l’autre, est aussi un presto rempli de colère.

Écrit en 1951, ce roman est écrit de façon très contemporaine. C’est probablement pour cette raison et pour les thèmes peu courants pour cette époque qu’il a tellement choqué. C’est le désarroi de l’adolescent, le futur flou, les valeurs chrétiennes présentes, mais loin d’être ancrées et actualisées, puis des objectifs de fuite plutôt que de projets, une vie qui manque de sens. Le propre de l’adolescence, mais qui existait peu dans les années 50. C’est une période ici marquée par la tristesse de la perte du frère et l’éclatement de famille. Sa mère dépressive, son grand frère qui a délaissé l’écriture plus noble et parti vivre à Hollywood pour écrire des films.
                                    
Un dénouement qui s’ouvre sur une prise en charge. Ça rassure… Mais en même temps, je m’étonne qu’encore une fois, le diagnostic de la leucémie s’infiltre … Je n’avais pas idée avant de commencer ce classique. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire