Terminé
hier, Les maisons de Fanny Britt est son premier roman si j’ai cru bien lire.
Elle est dans le théâtre habituellement. Cette femme m’interpelle, car je la
sens proche si elle ressemble à la protagoniste. J’ai entendu cette chronique
qu’elle a lue sur le deuil
à la radio et j’ai eu un véritable coup de cœur. Elle a réellement perdu
son frère. Elle a le mot qui va dans des profondeurs mais qui sait remonter
rapidement pour nous donner un peu d’air, voire nous faire sourire malgré la
souffrance.
Les maisons
que l’on quitte pour retrouver du bonheur ailleurs. Un nouveau toit, un nouveau
décor, une nouvelle vie. La maison est témoin de ces joies, ces peines qui
deviendront des souvenirs. Les murs seront la nostalgie de celui ou celle qui
en a imprégné sa personnalité en changeant les fenêtres, coloré les volets,
mais qui les quitte. Tessa est devenue agent d’immeubles lorsque le deuxième
enfant est devenu assez grand. Elle aurait pu être chanteuse, mais elle ne
semble pas avoir la personnalité suffisamment ostentatoire. Tessa est une bonne
deuxième. En se promenant dans les périodes passées de sa vie, on comprend qu’elle
était moins populaire que sa « best » Sophie; elle était suffisamment
talentueuse pour être acceptée au conservatoire de musique, mais sans la fougue
qui la ferait se démarquer comme chanteuse lyrique; puis il y a eu Francis cet
amour de jeunesse nourri par un imaginaire débordant mais dont on verra bien qu’elle
ne représentait pas plus qu’une parmi d’autres… puisqu’il ne se souvient même
pas de son prénom…
Tessa baigne
dans une vie tranquille avec Jim musicien à l’orchestre symphonique, homme d’amour
sans condition, trois enfants. Une vie d’apparence parfaite, mais elle se meurt
par en-dedans. Il manque de l’étincelle pour faire sauter la bombe qu’elle
traîne dans son sein. Quand par hasard Francis rejaillit dans sa vie par l’intermédiaire
de cette maison qu’elle doit vendre, Tessa voit poindre la possibilité de faire
tout sauter. Enfin elle voit son rêve de vie passionnée proche de se réaliser.
Mais l’imaginaire
est beaucoup moins solide qu’une maison habitée du quotidien. On peut changer de
maison à multiples reprises, mais le décor qui habite notre tête et notre cœur demeure
aussi longtemps qu’on le désire. C’est à nous d’en décider les couleurs, et non
pas à la société qui en impose les nuances.
J’ai adoré
ce roman… Plume superbement maniée. Ça se lit avec facilité malgré le verbe
recherché.