Le père absent. Le père sans compromis, qui
n’a rien voulu manquer de sa vie, donc s’il faut que les enfants passent en
deuxième, sa femme en troisième… Il répète la recette de son propre père qui
avait abandonné femme et enfants à un port de la Grèce en leur signalant qu’il
irait les rejoindre à Alger. Petit garçon, il a compris qu’il était maître à
bord, d’autant plus que sa mère est morte assez tôt. Les parents sont
facultatifs en occultant probablement le manque qu’il ressentait déjà à le voir
ainsi courir après le jeu, les femmes, les voyages.
Mais notre protagoniste vivra à fond ce
père manquant. Elle le fait revivre en se le rappelant à travers des escapades,
des bribes de jeunesse : un voyage à Key West « pour voir la
mer », à Vegas « pour qu’il puisse avoir l’air vulnérable auprès de
ses comparses joueurs ».
C’est un va-et-vient dans le temps. Elle
fait même sortir « le temps de ses gonds » - Shakespeare. Elle fait
renaître son père de la mort. Dans cet univers imaginé, la protagoniste répond
à la demande son père d’aller propager ses cendres dans la mer. Elle le
retourne dans l’océan, ses origines méditerranéennes. L’amour filial étant plus
grand que tout, le temps ne l’estompe pas puisque le temps est toujours là, il
sort de ses gonds. C’est comme si pour la dernière fois, elle répondait à ses
caprices.
C. Mavrikakis a eu ce passé trouble avec
son propre père, je l’ai entendu dans une entrevue à la télé. Courts chapitres
indépendants. Des bulles qui rappellent un souvenir, un moment pas si lointain
ou un espace imaginé. On s’attache à tous les personnages, même le père. On
plaint la mère. On aime les personnages. L’écriture est magnifique. 4/5.
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