dimanche 20 octobre 2013

"Chronique d'hiver" - Paul Auster

C’est pour les inconditionnels de Paul Auster, dont j’en suis. Ce n’est pas un roman, c’est plutôt comme la volonté de mettre ses souvenirs sur papier pour mieux les regarder, les analyser, ne pas les oublier; donc une production de nature autobiographique. C’est un narrateur qui regarde Paul Auster que j’imagine le regard perdu devant la fenêtre de sa chambre, regardant la neige tomber, réminiscence de tous ces hivers passés, toutes les saisons passées. Il relate via les « données sensorielles » qui lui sont propres et qui l’ont marqué. Pour ce faire, il fait l’inventaire de ses cicatrices qui le ramène à son enfance, ses envolés téméraires, jusqu’à un accident de voiture qui aurait pu coûter lui coûter la vie et celle de sa femme et sa fille. Il fait la recension de tous les appartements, studios, chambres qu’il a habités. Avec ou sans salle de bain, cuisine avec « possibilité de s’asseoir », ce qui m’a fait sourire. Certes, ça donne l’idée de la précarité, mais en même temps, j’ai mal à imaginer un appartement avec une cuisine où on ne peut s’y asseoir! Tout est prétexte à le ramener vers des étapes de sa vie, de la vie dont il perçoit la fragilité. On ressent la peur de la mort à travers la perte de ses proches, un ami, son père, sa mère… comment il a vécu ces pertes avec des larmes refoulées. Touchant de sentir notre auteur préféré si proche, dans ses travers, ses peurs… Sans sens de l’orientation, tendance à éterniser la soirée car il y a toujours un chapitre à lire, il tombe endormi dès la tête sur l’oreiller mais une fois réveillé devenant insomniaque… on aime constater des points communs avec ceux qu’on admire. Je ne sais pourquoi… allez savoir! J'aime Paul Auster! J'ai donc adoré lire les chroniques à l'aube de son hiver...

samedi 12 octobre 2013

Man - Kim Thuy

C'est un roman qui se déguste, qui se lit lentement. Chaque court chapitre, au plus 2 ou 3 pages, est comme un poème. On goûte la cuisine vietnamienne, on hume le fruit, on ressent l'ambiance tout en retenu et... on vit les obligations d'une tradition figée dans le temps. Un mariage arrangé avec un asiatique immigré à Montréal. La vie de famille est abordée comme un décor seulement. La mère adoptive qui est là comme balises de la tradition. C'est du ressenti qui est ici partagé. Mais ce frottement avec la vie québécoises, la copine Julie qui ose, qui embrasse, qui vit goulûment pousse la narratrice à se dépasser. Le restaurant grandit, il y a les formations à l'étranger, puis il y a la rencontre avec Luc à Toronto. Pour la narratrice, c'est la "catastrophe". Mais... plus la vie suit son court rectiligne, plus le langage intérieur, celui qui vient du corps, du coeur et qui tasse la tête et les conventions de côté, crie fort et plus la catastrophe s'atténue et l'invite se fait pressante.
À lire lentement... Kim Thuy a quelque chose d'enchanteur.