Albert Einstein est fascinant. Je colle ses citations sur mon mur
Facebook, car son intelligence inspire. Toutefois, je n’avais pas idée qu’il
avait deux fils, dont un, Eduard, schizophrène. La première crise vers 18-19
ans. Avant, il était près de son père, vif, intelligent. Il avait fait sa
première année de médecine. Il s’intéressait à la psychanalyse – c’était
l’époque. On attribue la prédisposition à la maladie mentale à sa mère dont la
sœur avait également été internée. Albert Einstein le mentionnera d'ailleurs... comme pour se
dissocier de cette maladie? Eduard sera interné dès l’âge de 23 ans, au début des années 30, et
ce jusqu’à sa mort. Électrochocs avec l’intensité de l’époque aussi.
Pendant ce
temps, Albert quittera la Suisse pour les É-U au début de la première guerre mondiale, car
Juif sa vie est menacée; il ne reverra pas son fils. Il tentera d’occulter la
vie de son fils de la sienne, car cette équation est insoluble pour lui. Mécanisme de
défense? Oui j'essaie de défendre Albert Einstein... Ce scientifique est pour moi un grand homme somme toute.
Porter le nom d’Einstein est lourd sur les épaules d’Eduard, également sur
son frère et sur l’ex-femme Mileva, serbe et chrétienne. Ils se sont rencontrés
pendant les études. Il la trouvait intelligente. Elle est tombée enceinte, mais
ce bébé fille mourra et ce sera un secret bien gardé. Un bébé avant mariage... il ne faut pas faire ombrage. Mileva en gardera la peine au coeur. Tristesse qui fera partie des sentiments qui l'habiteront pour le reste de sa vie. Car jalouse, Mileva ne sera pas la compagne rêvée. La jalousie est toutefois un résultat, on s'en doute, d'un manque d’amour d’Albert qui, d’ailleurs aurait du mal à aimer même s’il se remariera
plus tard. Albert quittera Mileva et ses deux garçons sans se retourner. Mileva
demeurera une femme malheureuse. On l’imagine allant boitant – elle avait un
problème de hanche – visiter son fils à l’asile et parfois se faire maltraiter, car souvent Eduard aura des excès de
colère qu’il dirigera vers des hallucinations incarnées par sa mère. Eduard n'est pas une mauvaise personne, il est juste habité par mille images qui le dirigent.
L'autre
fils, ingénieur, ira lui aussi s’installer aux E-U mais ce n’est pas
intentionnellement pour voir son père. Les rapports resteront toujours
relativement froids. La religion les sépare autant que la distance physique qui
a eu lieu pendant ces années.
Le cas d’Eduard détrône-t-il Albert Einstein? On se l’imagine toujours
avec sa tête un peu folle, remplie d’idées et combien d’intelligence. Mais en
même temps, on sait qu’Einstein était un marginal et que sous l’intelligence se
cache comme souvent chez ces cerveaux un peu de folie aussi. Et intelligence
mathématique ne veut pas dire qu’il y ait intelligence émotionnelle. Le grand
personnage ne pouvait pas contrôler les paramètres de la condition de son fils
et on le sent désemparé, jamais l'auteur veut nous faire sentir qu'il manquait de coeur. Il veut préserver les souvenirs. On sent le désarroi, la tristesse d'Albert Einstein.
Eduard parle directement, à la première personne, mais Mileva et Albert sont regardés et analysés à travers un narrateur omniscient. Les chapitres sont découpés en lieux, dont l'asile est le lieu principal. On voyage de la Suisse, à la Serbie et aux E-U. Le roman s'ouvre et se termine sur la lourde porte de Burgholzli qui se referme. Eduard ne semble pas malheureux, il est là... parce qu'il doit être là. Il ne sait plus ressentir de toute façon. Son père est mort d'une rupture d'anévrisme, sa mère un peu avant d'un AVC et il comprend qu'elle ne viendra plus le rassurer par sa présence, mais mécaniquement les journées se coulent. On l'a fait jardinier et c'est comme ça.
J’ai appris. Quand j’apprends… j’aime!