L’Orangeraie de Larry Tremblay, tout petit roman
mais chargée comme la ceinture que portera Azziz, enfant de 9 ans, transformé
en kamikaze. La haine d’un père, qui a perdu son fils dans une de ces guerres
du Moyen-Orient, transférée à celui des jumeaux Azziz et Amed dont les jeux sont
au départ ceux d’enfants… sous le soleil où murissent des oranges. Comment la haine peut-elle devenir plus forte
que l’amour porté à son fils? Comment la fierté tirée du sacrifice d’un fils
peut s’avérer un baume…au point de faire la fête?
Car la conséquence, c’est aussi le chagrin de la
perte d’un frère, Azziz atteint d’un cancer incurable. Azziz prend la place de
Amed qui ne veut pas mourir. L’amour de la mère qui fait le dur choix de l’un
de ses deux enfants. Mais Amed ne s’en tirera pas indemne; il entendra désormais
les voix des enfants morts sous la bombe que portait Azziz, à qui on avait
menti en lui disant qu’il ne mourrait pas en vain, mais bien pour anéantir un
groupe de « chiens » ennemis. Amed prend l’identité de son frère au
départ pour tromper, mais il mettra la vérité devant les yeux de son père qui
le reniera, car la fierté est plus grande que l’amour pour les siens. C’est en
Amérique que Amed devra continuer sa vie. Il voudra faire parler les voix qui
scandent les bruits de l’enfance et de la guerre dans sa tête; il le fera par
le théâtre pour ne pas devenir fou… Percutant. La guerre, la haine, beaucoup
plus fort que l’amour. Roman qui ébranle. Admirablement écrit. Je donne un 5/5.