lundi 9 mars 2015

"Soumission" de Michel Houellebecq

C’est un roman troublant qui a pris son envolée avec les événements chez Charlie Hebdo. Il a été vu comme une prémonition par certains. Je ne dirais pas ça. Mais ça parle d’une fiction se passant dans un avenir proche, 2017, où en France, on élit sans fracas une présidence musulmane. Dans un pays endormi que plus rien ne surprend, ça va presque comme s’il en allait de soi. La charia est acceptée… la femme reprend sa place au sein de la famille, cellule ultime et base de la vie sociétale. La gauche semble y trouver sa place, sans soulever la poussière ni teinter les casseroles, dans un monde où la strate des pauvres est prise en charge par les plus riches chargés d’offrir l’aumône, valeur prônée par la religion (toute religion non?). C’est comme si finalement on réalisait que la charia répondait à la crise identitaire et aux valeurs dégringolantes. Et l’homme, le patriarche, prend toute la place qui lui revient, lui seul maître après Dieu. Il a bien sûr plusieurs femmes, lui dont la sève assure la multiplication de son éminence; c’est la sélection naturelle apparemment – la nouvelle façon d’expliquer Darwin! C’est la marieuse qui choisit celle qui assurera la progéniture la plus propice, la plus forte, qui saura maintenir la race. La gestation de neuf mois étant trop longue à l’homme qui doit absolument assurer sa précieuse descendance, il n’a d’autres choix que d’avoir plusieurs femmes soumises à lui. Bonnes ménagères, elles le servent et il peut alors accorder tout son temps à son intellect, sa cité… …Ah misère… ça donne le tournis.

Un prof d’université, spécialiste de J.K Huysmans. Je n’avais jamais entendu parler de Hysmans, on me traitera d’inculte,  c’est un écrivain français du 19e si. qui aurait eu une influence forte, ami de Zola. Mais revenons à notre prof qui a une vie des plus mornes, une vie vide, ponctuée par des envolés que seul l’alcool et une baise peuvent lui apporter. Les seules relations qu’il a : des étudiantes, donc de la moitié de son âge, et des intellectuels dont il ne semble chercher la compagnie que par opportunisme, jamais gratuite et sans empathie aucune. Ses parentes meurent et il s’en fout. Il hérite, devient indépendant de fortune et… s’en fout aussi. Chercher l’âme sœur? … Partager sa vie avec quelqu’un qui souffrira de sécheresse vaginale avant l’heure et qui ne le fera plus bander d’ici peu… c’est ce qu’il en dit. Joyeux. C’est comme s’il en était à « sa dernière vie »… plus d’enthousiasme aucun. Le suicide serait une alternative si ce ne serait pas aussi compliqué chez un être dont la seule passion résidait dans sa thèse de doctorat qui, une fois soutenue, a emporté le seul but qu’il n’avait jamais eu. Donc que ce gouvernement musulman prenne place, que l’université lui ferme l’accès car non musulman… il demeure mou, se questionne un peu…mais ne le choque pas; les dédales administratifs sont davantage perçues comme une tare que l’objet de sa perte d’emploi.

Il revisite la religion catholique, tente de trouver des réponses, mais on dirait plutôt qu’il tente seulement de se superposer à la vie de son sujet fétiche, seul pivot de sa vie, Huymans. Ce dernier s’est converti à la fin de sa vie au catholicisme. Comme si la conversion pouvait permettre de donner un second souffle à une vie dégonflée, qui n’a plus de quoi rebondir sur quoi que ce soit. Sa visite au monastère, où il ne lui est pas permis de fumer dans sa chambre, que le train tapageur rythme, ne saura pas lui apporter de réponse, lui, trop près de son nombril. Comment prier les yeux tournés seulement vers soi… C’est seulement à la page 250/300 que la conversion s’amorce chez notre protagoniste (je ne connais pas le nom… l’a-t-on nommé? C’est écrit à la première personne – plus facile pour se complaire au niveau du nombril). La rencontre avec un converti qui est bien placé à l’université, riche, marié à une jeune fille de 15 ans une autre plus vieille qui cuisine, et qui a un poste dans le gouvernement avec qui il est bien sûr ami, fera opérer son charme. Ben oui, tiens, notre protago va se convertir… non mais, pas par conviction religieuse, woooow là… juste pour retourner à l’université question de se donner un but pour se lever le matin et… bien sûr pour avoir des femmes mariées à ses pieds et l’opportunité de retrouver des baises avec ses étudiantes. Un peu dégoûtant n’est-ce pas? Complètement! Un personnage éminemment rebutant et antipathique! Qu’il soulève de l’admiration pour son travail de moine auprès d’un auteur ne fait pas de lui un moine!

Un roman troublant, car on se voit un peu dans notre regard un peu mou face à la montée de l’état islamique, des frères musulmans qui règnent avec ces valeurs si éloignées des nôtres. On regarde ce qui se passe sur la planète avec, on va se le dire, trop d’indifférence. Presque à tous les jours les médias nous balancent une histoire nouvelle. On jette un regard un peu comme sur un mauvais film qui nous ressasse du réchauffé qui goûte mauvais : ça nous répugne et on essaie de ne plus y penser en plongeant dans notre vie qu’on saupoudre de sucre à glacer. Après tout, la vie occidentale est tellement « plus meilleure »! J’espère que justement ce n’est pas une prémonition et qu’on n’aura jamais cette nourriture fade et empoisonnée dans notre assiette! Je suis une bibitte à sucre moi!

Bref, il faut le lire pour nous brasser un ti-peu disons…!


PS J’avais déjà essayé de lire Houellebecq par le passé et je n’avais pas aimé. Trop centré sur sa bite dont il parlait au moins une fois par page… ok j’exagère, 1 fois/2 pages. Celui-ci y est moins axé… fiou! Ça aurait été infect! 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire